Une affiche choque … et le fait divers qui fait diversion !
Entre Beaufort et Arêches, le 17ième salon du goût, événement majeur en pays Beaufortain qui rassemble plus de 10 000 visiteurs , a été cette année , annoncé par une affiche mettant en scène les acteurs du syndicat d’initiative autour du pain, du vin, et d’une grosse meule de Beaufort mise en partage et mise en « Cène » par Léonard de Vinci !
1 Si certains sourient en se disant que c’est donc bien vrai que Jésus prit le pain, le vin et le ‘Rompi’ (ici le fromage bien connu de la vallée : le Beaufort !) au contraire, d’autres crient au blasphème ! Certains revendiquent la liberté d’expression, trouvent cette image détournée, particulièrement déplacée et d’autres rêvent de détourner à nouveau l’image pour ajouter à la place de l’un ou de l’autre, le visage du curé et celui de la responsable pastorale !
Bref, qui, dit humour, qui, dit mauvaise humeur et même horreur ! Qui, éructe en inadmissible et scandaleux ! Qui, appelle solennellement à boycotter le salon rebaptisé du « dé-goût ». Certains sont blessés ! D’autres croient à un acte issu d’une gigantesque conspiration de christianophobie !
La Cène de Léonard de Vinci est détournée, une nouvelle fois : on ne compte plus ! Et bien sûr on regarde du côté du clergé pour s’offusquer qu’il ne s’émeuve point !
2 Que tout cela fait du bruit et les unes des média et des comptoirs : trop de bruit !
Comme si il n’y avait pas d’autres préoccupations combien plus importantes ! Entre une meule de Beaufort devant un Jésus à tendance New Age et les infâmes crimes contre l’humanité ou l'utilisation d'armes chimiques en Syrie… il est indécent de confondre devoir d’informer et recherche de spectaculaire qui fait le buzz !
3 Dans notre société où on s’éloigne de plus en plus du religieux au point d’en devenir étranger on supporte plus que symbole religieux soit mis en avant, c’est à dire sorti de la sphère du privé et du rite, ou détourné, c’est à dire mêlé au quotidien et au profane !
Et si à cette occasion nous réfléchissions un peu au rapport sacré/profane, on gagnerait en crédibilité et respect !
4 Certes on peut accuser les publicistes et journalistes, de tous les mots… et maux, sans même voir qu’ils sont d’abord victimes le plus souvent de leur ignorance, tellement le « religieux » devient un langage inaccessible au plus grand nombre !
Voir dans une publicité l’art de Léonard De Vinci, et au-delà la Cène du Seigneur qui l’a inspiré, et plus en avant encore la conviction de gens qui vivent de la foi au Christ de la Cène … demande aujourd’hui un travail ( catéchétique peut-être mais surement culturel…) qui contribue à la lutte contre l’ignorance ! Et l’ignorance peut être une faute !
5 Sur cette histoire dont on fait un fromage, et dont au demeurant on devient soi même « journaliste » en glosant dans la rue, sur le net et les réseaux sociaux, chacun a sa petite idée sur le vrai et le faux, sur les intentions des uns ou des autres … dans des postures bien différentes !
Dans ces réactions pêle-mêle, une seule retient mon attention ! C’est la voix de celles ou de ceux qui modestement, presque timidement, se disent « blessés dans leurs convictions » ! Quand j’entends dire je pense que … en pour ou en contre, il est légitime d’avoir des doutes et de prendre position à son tour en donnant de la voix ou … sa voix, à moins que je ne la retienne pour les prochaines élections… Piètre vengeance !
Mais quand j’entends humblement dire : « je suis blessé ! », il y a forcément ‘présomption d’innocence’ et je ne peux pas avoir de doute. Douter serait prendre le risque d’augmenter sauvagement la blessure !
6 Et je veux croire que vivre « dans le monde » avec d’autres c’est reconnaitre et accepter une dépendance des autres et comme croyant, une dépendance de Dieu ! François de Sales qui connaissait bien la Savoie… aimait à dire « Entre portez-vous et entre-supportez-vous pour l’amour du Sauveur » (Lettre MCCXXXVI, 19 septembre 1616)
Et que nous dit l’épisode archi connu du « Bon Samaritain » et celui de la scène dite du « Jugement dernier » dans Matthieu ? Rien d’autre que de construire ce lien de dépendance et interdépendance au point de se lier à l’autre et à Dieu : celui qui a fait du bien ou du mal à l'un de ces petits, c'est à moi qu'il l'a fait, dit le Seigneur ! Nous ne sommes pas là pour faire « sa B.A. » mais bien davantage pour assumer cette appartenance fondamentale aux autres et devenir des acteurs durables de la société !
Le récit du « bon samaritain » s’ouvre avec cette question « qui est mon prochain, vous savez celui qui est à aimer à l’égal de Dieu ? Jésus la reprend quelles lignes plus loin, autrement : « Qui est le prochain du blessé sur la route ? ». Avant de devenir de bons Samaritains voués à l’aide ou à la bonne pensée, nous sommes appelés à nous reconnaître dans la figure du blessé qui a besoin, et qui dépend des autres.
« Je vous le dis tout de go, « Doutez un minimum de tout ce que je vous dis. » L’erreur est humaine, mais l’erreur fait avancer. »