Dites 33 !
Prêtre depuis 33 ans ! Il y a 33 ans jour pour jour, le Père Hubert Barbier, évêque auxiliaire d’Annecy faisait « son premier prêtre ! » Mais tout n’a pas commencé ce jour là ! Devenir prêtre et durer tant bien que mal, dans ce service, ça vient d’où ? J’aimerai vous raconter une histoire d’amour, vous dire que je suis tombé amoureux de Dieu ! C’est peut-être un peu cela, mais en tout cas cela ne se raconte pas, car ce n’est ni magique, ni conte de fée !
L’appel à ce service est médiatisé ! Je veux dire il s’est pas joué entre Dieu et moi ! Nous étions trois ! Dieu et moi, et des "médiateurs", d’autres hommes et femmes rencontrés et qui ont eu une grosse responsabilité dans mon engagement du 1ier Mai 1982 ! Alors il s’agit d’une histoire de cœur et de liens qui n’est autre que le chemin du baptisé. Cette histoire passe par un double acte de liberté : ma liberté de choisir, de dire : « Oui ! j’y vais ! » Et la liberté de l’Eglise qui interpelle et appelle !
En 1982, le premier mai, nous avions défilé le matin et processionné l’après midi ! En 1982 on dansait encore sur des 33 tours ! Ca revient à la mode paraît-il ! Comme pas mal de choses du passé qui resurgissent, y compris dans l’Eglise ! Il demeure qu’il n’y a pas d’ordination qui ne soit au service, modeste, de quelques micro-sillons d’Evangile !
Ce ’33’ me renvoit encore plus loin… dans la Gironde, à Arcachon, haut lieu de mes premiers pas inoubliables dans l’animation ! L’animation, c’est à dire le service de « l’anima », souffle vital, âme, reste pour moi l’attitude fondamentale : prêtre-animateur ! Animateur de communautés ! Même si ça fait parfois grincer des dents, ceux qui conçoivent le prêtre, comme l’homme du sacré et de l’Eucharistie !
Animer c’est être au service ! Le prêtre est au service, non pas de son évêque, ni de « ses » paroissiens, mais radicalement au service, donc au service de tous, au service du souffle, de l’âme de chacun ! Et ce service du souffle n’échappe pas à l’eucharistie !
33 c’est le numéro atomique de l'arsenic ! Un poison ! Mais il est aussi utilisé comme agent de conservation … 33 ans d’ordination c’est plus proche de la conservation, de la continuité (jusqu’où ?) que de l’empoisonnement !
Quand en terminale, j’exprimais aux copains ce désir né en moi de marcher vers l’ordination, m’attendant à quelques sarcasmes de leur part, j’ai été surpris de leur émerveillement et marqué par leur question : « Et si on jour tu t’aperçois que ce chemin ne te convient plus ? » Je crois avoir répondu que ma démarche était à ce jour sans arrière-pensées, sans plan B ! » Je crois être toujours dans cette confiance qui dure. Je crois aussi que la question des copains demeure aujourd’hui encore pertinente ! Si un jour …
33 c’est breuvage … marque et contenance standard ! Cette boisson convertie en béninoise, devient très bonne, et de surcroit la contenance passe de 33 cl à 65 cl !
En anniversaire d’ordination ça double la mise ! Ah ? Mais chacun sait aussi qu’avec l’âge, une autre bière est nécessaire, elle se nomme civière sur laquelle on porte les malades, les blessés qui ont reçu des coups, jusqu’à l’hôpital et à un moment au bout de la terre ! Prêtre pour l’éternité ?
Dites 33 ! C’est une pratique des vieux médecins français ! Si 22 annonçait les flics, 33 prononcé par le patient permettait une écoute des vibrations vocales ! A 33 ans, l'âge supposé du Christ lors de sa crucifixion, le "dites 33" c’est soldé par ces dernières vibrations, acte merveilleux de reconnaissance à Dieu : « Je remets mon souffle ! »
Et oui avoir du souffle –on y revient « anima » souffle vital- c’est ce que le prêtre souhaite, provoque, espère en chacun, en soi en l’autre en tous les autres !
Alors testons-nous et soufflons quelques bougies pour vérifier notre souffle !