Hymne à la nuit….

Nuit. Nuit de veille

Nuit du tombeau
Nuit qui aurait du être éternelle dans la mort.

Nuit. Nuit de veille

Nuit du tombeau
Nuit en vigile de Pâques.

Nuit, des plus belles de l’année :

Mieux que la nuit des étoiles

Mieux que la nuit des Césars,
Mieux même que la nuit des anges

Oui il faisait nuit mais cette nuit se révélera ni totale ni définitive !
Ce n’était qu’un temps où le soleil brillait par son absence,
à peine descendu en dessous de la ligne d’horizon.
C’était une nuit annoncée bonne et mauvaise à la fois: elle était à passer.

Et ce fut fait en une nuit noire empourprée de la peine de mort,
Et ce fut aussi, paradoxe, une nuit blanche.
Non pas blanche par ce qu’elle ne m’aurait rien porté et apporté.
Au contraire.
Mais blanche car elle m’a tenue sans sommeil,
justement parce que mes yeux s’épuisaient à contempler…
Elle m’a permis de veiller jusqu’à l’aube,
jusqu’à ce qu’elle me dévoile en plein jour
ces visages réveillés et esquissés à la lueur du cierge pascal.
O nuit quelle abnégation t’anime, sainte nuit,
lorsque tu te retires, aussi naturellement que tu es arrivée
pour laisser à l’autre le soin de parfaire ton  œuvre
pour donner au jour qui te succède sa chance d’être. 
Nous l’avons répété dans cette nuit « Il y eut un soir, il y eut un matin » :
Les jours passent ! Mouvement sans cesse répéter ! Nuit, jour, nuit….

Cette nuit j’ai fait le…
Non je n’ai pas fait le rêve.
Mais réveillé et mis debout j’ai fait un voyage… de nuit.
Un travail de nuit !
Evocation, contemplation et prière

Devant tant de visages
La nuit avançant j’ai fini par les soupçonner, puis les sentir.
J’ai deviné leurs respirations et leurs transpirations
J’ai été touché par leurs émotions et revendications.
J’ai même traversé des zones d’intense nuit
Rendues encore plus obscures à cause de l’aveuglement moral ou la nuit des sens. J’aurais pu même parfois me perdre dans la nuit de l’ignorance ou de la jouissance.
Tous ces visages croisés et contemplés la nuit
A la lueur du cierge pascal ne se révélèrent pas différents, au matin
Non ce n’était pas le jour et la nuit.
Alors que la Vie dure toujours ! Comme une litanie, une supplication.   

Que le visage du divorcé
rayonne de la lumière pascale,
Lui aussi est ressuscité avec Christ. Alléluia !

Que le visage du voleur
transpire de lumière de la résurrection
Lui aussi est ressuscité avec Christ. Alléluia !

Que le visage menteur ou tricheur
participe à l’éclat de vérité pascale. 
Lui aussi est ressuscité avec Christ. Alléluia !

Que les visages de deux hommes qui s’aiment
jusque dans l’enlacement des corps
et l’élancement des cœurs
participent à l’hymne à l’Amour pascal.
Eux aussi sont ressuscités avec Christ. Alléluia !

Que le visage de la femme abandonnée perle des larmes scintillantes d’espérance
Elle aussi est ressuscitée avec Christ. Alléluia !

Que le visage de l’enfant violé s’anime à nouveau de ce regard espiègle, pétillant de lumière.
Lui aussi est ressuscité avec Christ. Alléluia !

Que le visage creusé de maladie libère et publie la prière pascale   
Lui aussi est ressuscité avec Christ. Alléluia !

Que le visage souverain du prince de ce monde ou de l’Église quelque soit son couvre-chef, laisse paraître un éclat du jour nouveau de Pâques, en un trait du serviteur libre et solidaire;
Que le visage des « présidentiables » à l’épreuve de la nuit et du silence s’inspirent du geste qui relève, pour que chacun soit debout dans la cité des Vivants.
Eux aussi sont ressuscités avec Christ. Alléluia !

Voilà quelques visages jaillis de la nuit
avec qui aujourd’hui j’ai crié
« Christ est ressuscité … »
Joyeuses Pâques !

dimanche 8 avril 2007
Yonathan