La semaine sainte commence drôlement
Une foule accueille, acclame, adule, Jésus monté sur une monture de pauvre : un bourricot !
Oui il y a foule et en quelques moments tout le monde va s’évaporer.
Versatile la foule, qui va huer plus fort qu’elle a ovationné : deux délires pour le prix d’un !
Le vide va se creuser autour de Jésus, l’absence s’installe irrémédiablement. Cela faisait déjà un moment que la solitude le gagnait. On s’éloignait sur son passage, plus personne même pas les scribes, ne lui posaient de question. Alors il s’est mis lui-même à en poser et à répondre à ses propres questions …
Un dernier repas et alors dans l’enceinte de Gethsémani ils ne sont plus que trois : Pierre, Jacques et Jean. Les mêmes que le jour béni de la transfiguration ! ils ne résistent pas à la fatigue. L’arrestation les surprend. Puis viendra le procès… Le procès ? Mieux vaut ne pas en parler : quelle justice ?
Louvoyant le Pierre : «non je ne le connais pas… » répète-t-il tout haut alors qu’intérieurement il revoit celui avec qui il a juré d’aller jusqu’au bout ; en même temps une vague d’amertume lui inonde les yeux. Une solitude dramatique s’empare de Jésus dans sa passion. Et à la croix tous ont disparu ! Bon il y a quand même les courageuses quelques femmes qui regardent à distance. A l’heure de la mort le rideau se déchire du haut jusqu’en bas !
L’histoire n’est pas finie ! Tout commence. Lorsque le rideau s’ouvre !
Alors, aujourd’hui j’hésite.. à savoir où je me mets sur scène ou assis dans les fauteuils ?
J’opte pour la scène ! Mais là l’angoisse me prend, la salle est vide ! Désespérément vide. Où sont les chrétiens les amis de Jésus, aujourd’hui ? Depuis l’intérieur j’en ai entendu crier sur le parvis … depuis quelques mois c’est vrai la bise souffle fort de Rome à partout !
Alors je descends, j’hésite à m’asseoir tout seul. Derrière un pilier ou un autre quelques ombres apparaissent. Alors je me résous à me mettre au premier rang, le temps de saisir les paroles du centurion romain. Puis je me décide moi aussi à quitter la salle, la scène est dehors, là-bas, sur les parvis du monde. Allons ! Il faut marcher. J’apprendrai qu’Il nous précède sur les chemins de la Vie, cela me réconforte !
Ici, sur le chemin où j’avance je ne sus pas seul, et Jésus n’est plus seul. Il va l’être de moins en moins. Incompris, abandonné, insulté, meurtri, il assume jusqu’au bout toutes nos solitudes, mais en chemin la vie rejaillit, elle vient toujours en marchant. Dieu est pour toujours venu partager nos chemins. La solitude prend aujourd’hui des formes de solidarité !