Alors ce retour : un « plus pour l’avenir ? »

Alors ce retour : un « plus pour l’avenir ? »

Oui mais « quel plus » ? Quand nous sommes rentrés nous avons repris contact avec les  réalités de l’hexagone : pas si facile que cela ! Surtout que ces réalités s’écrivent en forme de crises et de troubles.
Nous voilà, au retour, pris entre deux feux :
-      le jeu de la découverte de l’autre, de l’acceptation de la différence -réalités qui nous ont essentiellement occupés au cours de ce voyage-
-      et la gesticulation désastreuse des thèses sécuritaires pour stigmatiser des populations à des fins électoralistes ! Mais le pire demeure la provocation qui se s’amplifie en amalgame, haine et peur !

-      entre la découverte d’un pays qui souffre d’une pauvreté trop grande

-      et l’artifice de notre pays en voie de « peopolisation», au moins par celles et ceux que l’on nomme souvent « les élites » pour qui jongler avec des millions d’euro en direct, sans scrupules, et de manière ostentatoire et provocatrice est devenu une habitude !

-      entre le ressenti d’un travail de libération d’un continent, dont cet été  le Bénin, le Burkina Faso et 12 autres ex-colonies françaises célébraient les 50 ans d’indépendance,

-      et cette impression d’aliénation en notre pays où les prisons sont surchargés et les détenus mis à mal et en malaise, où les hôpitaux manquent de personnel et où les professionnels sont frappés de découragement devant la sacro sainte raison de « rentabilité » et la machine administrative souvent déshumanisante !

Devant ces tensions avivées, par un voyage, nous ne pouvons que repenser à l’ « Autre » Homme ou Dieu, Prochain ou Lointain, Indigène ou  Étranger, qui pour le chrétien est un et incontournable.
Depuis Vatican II l’option préférentielle pour les plus pauvres a inscrit au cœur de l’Église universelle, des diocèses, des instituts religieux et au plus proche des réalités de terrain des paroisses une attention extrême. « Étranger, Pauvreté, Prison » ce sont les mots des Béatitudes (Mt 5) : « En marche, les humiliés du souffle, le royaume des ciels est à eux ». Ce sont les mots du « jugement dernier » (Mt 25) avec ce Christ qu’il fallait discerner dans la figure de l’étranger, de la misère et du prisonnier… Ce sont les mots au centre de l’agir social des chrétiens !
Par-dessus tout, Abraham comme prototype de l'étranger est le symbole de Dieu !
Cet étranger devant lequel nous développons une méfiance spontanée et parfois même un  rejet. Abraham  était cet étranger l « hospes » (du  latin qui a donné hôte, voyageur ou « hostis » de même racine qui lui a donné « ennemi » voilà bien l’hôte  accueilli et accueillant et voilà bien l’étranger dans sa réalité ambivalente, fascinante et inquiétante.
Au Bénin nous sommes allés faire un chemin, expérimenter la situation de l’hôte, de la rencontre, du voyage de la  visitation. Justement pour  signifier que tous nous sommes en chemin, c'est-à-dire en devenir. Nous sommes en recherche, et toute recherche a ses traces d’imperfection qui en aucun cas ne devrait appeler l’exclusion !