Qui est le Chrétien ?

           Qui est le Chrétien ?

         Celui qui est né dans un pays chrétien ? Plutôt que de situer le chrétien du côté de l’appartenance ou de la certitude de celui qui aurait quelque chose en plus ou quelqu’un en plus, je préfère l’envisager comme chercheur d’un Dieu qui se donne à découvrir à travers l’humanité. Le Dieu de l’Au-delà, le Dieu tellement Tout Autre demeure le Dieu inaccessible de tant de religion, qui fait la place trop belle aux lieutenants qui s’arrogent sa parole et parlent en son nom.

Pourtant notre Dieu est aussi le Dieu de l’Au-delà, le Tout Autre mais il a accepté, par Jésus l’unique médiateur un visage et un cœur d’homme, capables de douleur et d’amour, ou plus justement, capables de douleur car capables d’Amour. Il s’est fait Homme pour devenir Celui qui est là, juste devant, si proche. 

         Alors chercher Dieu à travers son humanité est plus performant que d’essayer de l’attendre dans son ciel, les hommes de Babel en ont fait l’expérience à leur dépend. Mais la quête de Dieu dans des chemins d’humanité suppose, des impasses, des fausses pistes, des mauvais raccourcis, bref, des essais et des erreurs ! Il n’y a pas lieu de s’en excuser encore moins de se culpabiliser. La Vie d’évangile est une vie de laboratoire, l’imitation ne peux passer que par la traduction, la transformation. La vie en Église devrait l’être aussi, à l’exclusion de tout certificat d’agrément et de toute norme de conformité.

Pourtant les rigidités excessives de la part de beaucoup de gens engagés dans l'Église deviennent  vite des rideaux qui opacifient la relation et qui se révèlent de véritables contre-témoignages. Je suis frappé du nombre de personnes en contentieux avec l’Église, qui a eu à leur égard des paroles définitives, qui leur a proposé, un jour, un visage trop dogmatique, ou qui par l’absence d’écoute, a joué la fermeture, le rejet, la condamnation.

         Dieu a fait le choix de se rendre présent dans le temps qu’il nous a donné et qui se déroule pour que chaque instant de vie devienne un moment d’éternité. Un bonheur.

Il est le Dieu des grands espaces, comme nous le chantons si bien, mais il est aussi le Dieu des interstices, parfois infimes, d’apprentissages progressifs, où avec Lui, se dessine le chemin, pour chacun: chemin d'humanité et de bonheur. En laissant Dieu rejoindre l’homme au travers cet espace pédagogique Il commence par lui apprendre à devenir ce qu’il est : Homme parmi les hommes, tout à la fois il lui apprend à devenir Homme et Dieu.

         Mais tout commence par une naturelle correspondance du cœur de l’homme à la divinité. François de Sales l’a fortement exprimé « …il n’est pas possible qu’un homme pensant attentivement en Dieu, voire même par le seul discours naturel, ne ressente un certain élan d’amour que la secrète inclination de notre nature suscite au fond du cœur.. » TAD -Chapitre XVI

Christ du XIIIe siècle - Chalon-sur-Saône