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yonathan
17 décembre 2014

Dis-moi où tu crèches et je te dirai qui tu es !

Nous venons de crécher en l’église durant neuf mois sur la ligne de crête culte/culture ! L’idée était d’ouvrir les portes, non pas  pour le culte mais pour la culture. Une idée prévalait : l’église n’appartient pas au  « cercle »  des croyants mais elle est patrimoine commun, trésor de tous. Elle n’est pas  habitable  de l’unique manière du  rituel des célébrations en y rentrant toujours de la même façon, par les mêmes voies, comme si on suivait des flèches invisibles… Il est important parfois de rompre ces habitudes et de venir, autrement, de rentrer autrement, de vivre cet espace autrement.  Et à peine terminé ce temps privilégié, j’ai deux problèmes : l’appel  à poursuivre  encore dans ce sens en 2015... et cette question  d’actualité : « Une crèche a-t-elle sa place dans un bâtiment d’État ? »

creche03En effet je suis en train d’installer une crèche  au presbytère. Mais je tremble à l’idée qu’un voisin du style libre penseur ne convoque le  juge, pour  juger ma crèche indésirable … dans cet espace qui appartient  à la mairie !

Bon ! Je rigole : je ne tremble pas tant que cela !

D’autant que dans la rue, devant  le presbytère et l’église et le cimetière et la Belle étoile avec à 100 m en contre bas, la croix du Périllet, visible de loi… il y a donc une densité de signes religieux aux yeux des  gens qui croient  et qui ne croient pas !

Mais  surtout il y le sapin, quoi de plus normal dans  le pays  des sapins noirs, mais  il doit faire scandale car il est surmonté de l’étoile ! Bien qu’elle ne soit pas jaune, ni verte, ni jaune et blanche couleur Vatican... elle  évoque l’étoile de David, l’étoile des mages  et l’étoile  à 5 branches, signe des 5 piliers de l’Islam ! Voilà une belle concentration et du travail pour  les intégristes intolérants de la laïcité ceux qui ont  pour devise "Ni dieu, ni maître, à bas la calotte et vive la sociale !"

Mais enfin  est ce possible au nom de la liberté de pensée, ou plus justement au nom de la laïcité de crier « à bas ! » et d’interdire, de  risquer l’intolérance, d’exacerber les communautarismes  et pire que tout  d’effacer ?

Il faut « effacer » le voile, la crèche, la kippa, le croissant, les mosquées, les croix aux carrefours de nos  chemins vicinaux … Il faut même  effacer les habits personnels par les uniformes  scolaires, des soutanes et autre cache  poussières, au nom de l’égalité… hypocrite ! Promulguons donc , Rome, Jérusalem, Lourde, La Mecque … ville interdite… Et pire il brulons le drapeau européen calqué sur les douze étoiles de l’Apocalypse attributs typiques du culte de Marie !

La technique du nivellement ou de l’effacement est dangereuse et aberrante : curieuse idée de la laïcité !

Car enfin la laïcité, ce n’est pas le silence, ni le masque, ni le mépris, encore  moins la volonté de « crier haro sur… » Puissions-nous faire des pensées, des  philosophies, des religions, les objets de notre réflexion !

Les signes religieux, certes réclament  beaucoup de prudence…  mais ils sont  ici et là, en vis-à-vis entre eux  et avec la libre pensée, l’athéisme.
Certains pensent que le mot mariage ne convient pas pour l’homosexualité. Certains pensent que l’on doit proposer une étude des religions dans l’école. Que l’on doit porter le souci de la connaissance des grandes traditions morales. Certains  s’émeuvent de l’envahissement de l’espace public par  le « religieux». Certains ont le souci de  promouvoir à l’école des restaurants sans porcs, d’autre au contraires voudraient interdirent de ne pas mettre du porc ! Toutes ces positions peuvent être légitimes, pourquoi pas! Mais tout cela nous renvoie à notre vie en société qui  est  plus plurielle que singulière !

En définitive les signes religieux, créent un espace où il est vain de vouloir lister stérilement les différences et les appartenances jusqu’à s’épuiser, mais où il est essentiel de rentrer en résonance, de faire jouer les écarts comme une tension heureuse, productrice de lien social et pour puiser une force supplémentaire, une culture de l’aujourd’hui, qui ne nie pas les cultures des racines !   

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